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Développeur sans domicile fixe

Sujet de conférence

Ces 2 derniers jours – comme chaque année à cette période – a eu lieu la rencontre MiXiT. Au-delà de la conférence, ce qui fait la beauté de cet évènement, ce sont les rencontres humaines de tous domaines et horizons.

J'ai été convié à y présenter une vingtaine de minute mon talk « Développeur sans domicile fixe » à propos du Digital Nomadisme.
Ce sujet avait déjà été présenté à une https://youtu.be/It3Ws--gz8c?t=43m55s

">conférence en Bulgarie (mai 2016), puis à Codeur en Seine à Rouen, en novembre.

Le sujet semble toujours bien accueilli. Il laisse parfois indifférent, amuse certains, et illumine les yeux d’autres. Tous âges confondus.

Du sédentarisme au nomadisme

J'y parle de ce qui m'a fait quitter le sédentarisme, de la migration vers le nomadisme approfondi avec mes expérimentations de logement.

Le point suivant traite de déséquilibre entre le travail « conventionnel » – sous-entendu une convention de facto qui est le seul modèle qui nous soit proposé – et une contre-proposition de mode de vie « décentralisé » – on quitte les murs du bureau pour se donner à d'autres lieux multiples et ouverts.

L'arbre et l'oiseau

Un sujet auquel mes interlocuteurs semblent s'identifier est celui de l'arbre et l'oiseau. C'est une analogie qui est intervenue suite à un retour à Sofia.

Onnik, gestionnaire client d'une grosse société bulgare, y présentait le sujet « cashless payments, digital money, e-wallets and contactless payments ». Je le succède alors pour parler de « Living as a Digital Nomad » Alors que je termine mon talk, il vient me confier ses impressions :
- « En fait, il apparaît quelque chose d'évident » me dit-il. « Tu as perdu toutes tes racines en voyageant ainsi, et tu n'as plus d'attache, de repère. Plus rien pour te stabiliser ! ».
- « Je n'ai pas la sensation d'avoir perdu mes racines » je lui répondais. « Je n'ai pas la perception d'appartenir à un lieu. Je pense que nous avons juste un mode différent. Tu es un arbre, et je suis un oiseau. Si l'on tentait de te bouger, on te couperait tes racines. Quant à moi, j'ai besoin de voler. Nous sommes différents, mais nous pouvons partager ; j'ai besoin de toi, j'ai besoin d'arbre où me poser quand j'arrive dans de nouveaux lieux. Sinon où je pourrais me loger ? Qui seraient les locaux pour me guider ? En échange je te ramène de ce qu'il y a ailleurs. Aussi je prends tes graines et pars les ensemencer. ».

Onnik, tout homme de poigne et de contrôle n'est pas resté sourd à ces propos. Il a compris mon point de vue, mais m’a fait part de sa soudaine prise de conscience. « J'aime ma femme, je fais tout pour elle et ma famille ; je suis un arbre. Mais elle, ce qu'elle veut c'est voyager. Elle est un oiseau... ».

Vas-tu te stabiliser un jour ?

C'est une question maladroite qui m'est occasionnellement posée. Pourquoi maladroite ? Eh bien elle expose simplement que pour son auteur je ne suis pas stable.

Mais qu'est-ce que la stabilité ?

Marcher tout d'abord, c'est passer d'un déséquilibre à un autre. Ça nous saute davantage aux yeux en observant un bambin découvrant la marche.
S'arrêter c'est trouver une stabilité. Mieux encore : s'asseoir. Mais comment avancer lorsqu'on est assis ? Comment changer de point de vue lorsqu'on reste adossé à la même chaise ?

Peut-être que la stabilité, c'est trouver son point d'appui. C'est trouver le centre qui nous tient en équilibre et s'y poser. Ne peut-il pas être à l'intérieur de soi ?

La vie, c'est le mouvement perpétuel.

Le gène du voyageur

Connaissez-vous le DRD4-7R ? Je ne le connaissais pas avant non plus !
C'est le gène responsable de la formation du récepteur dopaminique D4.
Il est particulièrement étudié dans les troubles du déficit d'attention et l'hyperactivité, ainsi que d'autres conditions neurologiques et psychiatriques.

Cependant, dans une population nomade du nord du Kenya – Les Ariaals – ils ont constaté une marque plus prononcée de l'allèle 7 sur ce gène. Elle est probablement due à une mutation du gène suite aux transhumances. Elle pourrait donner une prédisposition au nomadisme aux 20% de la population estimés à avoir ce marquage renforcé.

Si le sujet vous intéresse, le Professeur Cloninger – généticien à l'Université de Washington à Saint-Louis – m'a apporté la précision suivante. Je vous laisserai en tirer vos conclusions s'il y a lieu.

It isn't really DRD4 - 7R allele that is associated with nomadism. The common ancestral allele is the 4R and all those that are not 4R are associated with less affinity for binding of dopamine, so the non-4R are associated with greater neuronal hyperexcitability. As a result, in Finland and Asia there are few 7R allele people but the people who migrated to the Americas were the non-4R people (especially 2R and 5R were significantly increased in high Novelty Seekers. Those with 7R are increased in the Americas and are associated with NS. They increase in prevalence the further away from the Bering strait (path to cross to Americas from Asia). that 7R and other non-4R are most frequent in Patagonia at the tip of South America. However, DRD4 does not operate alone but has a three-way interaction with serotonin reuptake promoter and COMT (catechol-O-methyl transferase).

Budget

Un autre sujet un peu controverse, c'est le budget. Combien ca coute de vivre en voyageant ? Pourrais-je me le permettre ? Certainement pas !

C'est clairement une idée reçue si les voyages remplacent le loyer. Avez-vous déjà fait le calcul de ce que vous coûte votre logement à l'année, en comptant le loyer, la taxe d'habitation, l'assurance, électricité, eau, gaz, entretiens, accessoires et garnitures ; ainsi que la voiture, l'essence, l'assurance, les réparations et entretiens ? Et bien croyez-moi que dans la plupart des cas, ce budget est bien plus conséquent qu'un budget séjour.

Je dépense parfois moins de 15€/nuit en Airbnb, et rarement plus de 20 – soit moins de 600€/mois.

Les voyages se font en fonction des coûts. Ça peut-être le covoiturage, le bus, le train, ou l'avion (souvent moins cher). Je choisi notamment la destination en fonction du prix du voyage. Vous pouvez donc compter moins de 200€/mois. Il reste la nourriture qui elle dépend de votre mode d'alimentation. Pour ma part, je dépense à peu près 300€/mois. Je considère peut-être 100€ pour les loisirs, quoiqu'ils n'ait probablement pas souvent lieu d'être, la visite de lieux se satisfaisant à elle-même.

Ce budget est ce que je considère déjà un peu luxueux. C'est une chambre personnelle, en mangeant tous les jours à l'extérieur dans un pays comme l'Espagne. En voyageant au Maroc, dans les pays de l'Est, en auberge, en amoindrissant les coûts de déplacement, on peu facilement diminuer ce budget de moitié.
Oser des expériences de logements plus atypiques peut encore amoindrir le budget.

Déposséder

Une des conditions permettant de vivre pleinement ce mode de vie, c'est de déposséder le matériel. Un des paradoxes dans notre éducation, c'est qu'on nous montre que le bonheur, c'est avoir. avoir une maison, une voiture, un travail, de l'argent, ... Rarement on nous dit que l'épanouissement, c'est apprendre à être. Avoir est essentiel. Sans un minimum financier, on augmente les inquiétudes et les problématiques. Mais une fois ce minimum atteint (voir le chapitre « Budget »), c'est du superficiel qui inhibe les peurs.

Déposséder, c'est se retirer du poid ; c'est s'alléger.

Avoir une valise est contraignant dans ce mode de vie. Contraignant puisque certaines directions se ferment par le fait de devoir traîner cette masse d'affaires.

Minimiser ses affaires, c'est aussi apprendre à déconsommer. On va décroitre matériellement pour s'ouvrir aux autres aspects. Ça ne veut pas dire qu'on va refouler les impulsions d'achat, mais que les impulsions vont devenir des cadeaux aux autres. Le matériel redevient alors une autre forme de plaisir ; celui du don.

Digital Nomad BS

Les recherches sur le net concernant le Digital Nomadisme ne mènent pas très souvent à des expériences réalistes. Ce sont souvent des américains avec un pouvoir d'achat bien plus élevé pour qui un logement à 60€/nuit ou un forfait nomade à $2000/mois sont de bonnes affaires. Personnellement je ne joue pas dans la même cour...

Aussi, le Digital Nomad est un mode de vie dont certains peuvent y voir des intentions de business au-delà de la recherche d'épanouissement et d'équilibre de vie. Autant dire que la qualité du contenu s'en voit biaisée.

Inspirations

J'ai beaucoup aimé le film Yes Man qui rappelle à quel point l'ouverture au petites opportunités qui se proposent nous sont des invitations à vivre un peu plus le monde. Souvent ce sont les peurs ou les habitudes routinières qui nous bloquent, nous font nous asseoir plutôt que d'avancer. Comme si se développer à la marche était néfaste et dangereux pour l'enfant qui vit en nous.

Il y a 5 ans, Leeor, un jeune américain sorti de l'adolescence depuis pas tant de temps, était venu loger chez moi une semaine. Ma porte était ouverte et mon lit secondaire déplié. Il voyageait depuis 2 ans et demi sans revenu, se nourrissait des restes de fins de marchés, et partageait quand il trouvait des petites mines. Sa vie était exploratoire ? J'étais admiratif de cet entrain à sortir du monde conventionnel. Mais voyager sans maison pendant plus de 2 ans et demi, c'était un peu trop extrême. C'est ce que je pensais à cette époque. Je ne savais pas qu'il était venu arroser cette graine qui allait bientôt germer en moi.

Projets autour du nomadisme

Neomad

Afin de permette une expérimentation douce, je participe au développement de la plateforme neomad.org. Son rôle est de proposer des outils, idées et expériences par divers types de profils nomadisés à d'autres personnes ayant une expérience autour du nomadisme, ou souhaitant la tester. Elle est jeune et prometteuse. En open-source, elle se veut également privacy-by-default en veillant à l'appropriation de ses données par l'utilisateur qui pourra contrôler et supprimer la moindre donnée enregistrée le concernant, facilement. Si ce projet vous intéresse à quelque niveau que ce soit (partage d'opinion, test de l’outil, voire contribution à la plateforme), vous pouvez me contacter.

Webdiving

Pour les développeurs (principalement frontend), qui souhaitent pousser l’expérimentation des dernières technos web, dans un cadre immersif par le nomadisme, le programme webdiving.org a été lancé. C'est de l’expérimentation technique, du challenge, et de la montée en compétence sur des technos de pointe. Le prochain est en juin 2017, à destination du public français, et ca se lance volontairement en dehors de la France – à Barcelone – pour le rendre vraiment immersif !

En bref

La vie est un aller simple ; on connaît la fin de la route. Ce qui compte, c'est le chemin qu'on dessine.

Il est bon de challenger son quotidien si confortable. On pense souvent qu'il faut se satisfaire de ce qu'on a puisqu'on est bien loti. Difficile de s'imaginer que déposséder c'est faire un pas de plus vers un bonheur plus authentique et que la richesse vient de la rencontre des autres et des ailleurs.

Ressources

- Vidéo de la présentation : https://player.vimeo.com/video/215566922
- Page du sujet de conférence : https://mixitconf.org/2017/developpeur-sans-domicile-fixe
- Interview sur le mode développeur nomade : https://medium.jechercheundev.fr/quel-est-ton-job-de-r%C3%AAve-d%C3%A9veloppeur-nomade-a1a38d3af89a

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